Colle Picchioni se situe à Marino, entre la mer Méditerranée et le lac Albano, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Rome. En 1976, Paola di Mauro crée officiellement le domaine. Elle avait acheté la propriété à une famille d’origine française, qui avait planté un vignoble avec des cépages bordelais. À ses débuts, Paola ne produit du vin que pour la famille et les amis. Elle reçoit ponctuellement l’aide de quelques œnologues proches de la famille. La production atteint alors quelque 10 000 bouteilles. En 1985, c’est son fils Armando qui prend la relève. En 1996, il s’adjoint l’aide de Riccardo Cotarella, un des consultants-œnologues les plus en vue en Italie. Comme sa mère, Armando n’a suivi aucune formation en viticulture-œnologie. Il a d’ailleurs travaillé une quinzaine d’années dans le domaine bancaire avant de reprendre les rênes du vignoble familial. Il a donc tout appris sur le tas, de la culture de la vigne à l’élaboration des vins. En 2004, c’est le fils d’Armando, Valerio, qui se joint au domaine afin de s’occuper du volet commercial et du marketing. La production atteint aujourd’hui un peu moins de 100 000 bouteilles, et le domaine a pour ambition de doubler le volume de production au cours des prochaines années.

Le vignoble de 8 hectares est composé de malvasia del Lazio, trebbiano, sauvignon, chardonnay et sémillon en blanc, merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, sangiovese, cesanese et syrah en rouge. Il se situe sur l’appellation DOC Marino, qui est plutôt connue pour produire des vins blancs de qualité très moyenne. Cette DOC impose que soit utilisé au moins 50% de malvasia di Candia, un cépage qui a mauvaise réputation, car il produit généralement de gros rendements par hectare. Armando lui préfère la malvasia del Lazio, un cépage plus aromatique qui donne des résultats plus intéressants. C’est pourquoi les vins de Colle Picchioni sont classifiés en IGT Lazio et pas en DOC Marino.
Le sous-sol du vignoble, très riche en humus et en calcium, est d’origine volcanique. Le sol étant très fertile, très peu voire aucun traitement n’est nécessaire au niveau de la vigne. Même si le domaine ne souhaite pas revendiquer le label d’agriculture biologique (trop de paperasse en Italie!), il essaie de s’en rapprocher. Le vignoble jouit d’un microclimat du fait qu’il ait coincé entre deux masses d’eau, la mer d’un côté, un lac de l’autre, ce qui permet de réguler le climat. Et si on ajoute, comme le fait remarquer Armando, que le pape est de l’autre côté de la rue, voilà des conditions optimales pour faire pousser du raisin!!! À noter que le domaine a également une oliveraie et produit de l’huile d’olive.
Colle Picchioni produit 6 vins, 3 blancs et 3 rouges, que j’ai eu la chance de déguster avec Armando.
– Coste Rotonde, un assemblage de malvasia (50%) et trebbiano (50%), élevé en cuve inox. Vin blanc léger qui se boit très facilement. Belle fraîcheur. 5,80 euros au domaine.
– Donna Paola, un assemblage malvasia (60%), trebbiano (25%) et sémillon (15%), élevé en cuve inox. Nez sur les fruits tropicaux, léger côté herbacé. Pour accompagner des plats de poisson. 9 euros au domaine.
– Le Vignole, un assemblage de malvasia (60%), trebbiano (20%) et sauvignon blanc (20%), fermenté en cuve inox, puis élevé de 12 à 18 mois en barrique de chêne français. Belle couleur jaune paille, nez très surprenant d’acacia et d’abricot qu’on attendrait, à l’aveugle, d’un vin de dessert. C’est pourtant complètement sec, très complexe, avec une belle minéralité et une certaine longueur. Un très beau vin blanc. Mon coup de cœur de la dégustation! Seulement 12,50 euros au domaine. Armando me dit qu’il vieillit en beauté. Il a récemment goûté des 1988, premier millésime de cette cuvée Le Vignole.
– Collerosso, un assemblage de merlot (45%), cesanese (30%) et syrah (25%), élevé en cuve inox. Le vin de tous les jours, simple, léger et fruité. 5,80 euros, rien à redire à ce prix-là!
– Perlaia, un assemblage de merlot (35%), sangiovese (35%) et cabernet sauvignon (30%), fermenté en cuve inox, suivi d’un très bref passage sous bois. Nez sur la cerise, légère amertume, un peu plus complexe que le précédent. 9 euros au domaine.
– Il Vassallo, le vin rouge haut de gamme du domaine. Il s’agit d’un assemblage de type bordelais, à base de merlot (60%), cabernet sauvignon (30%) et cabernet franc (10%). Élevage d’un an en barrique de chêne français. Nez sur la cerise et le chocolat. Tannins encore un peu rêches, mais qui devraient se fondre après quelques années en cave. À revoir dans 5 ans. Devrait évoluer en beauté.
Si vous êtes à Rome et que vous souhaitez visiter un vignoble, Colle Picchioni est donc des plus recommandables. Vous y trouverez un accueil chaleureux et du bon vin. Profitez-en aussi pour aller voir le lac Albano et visiter la résidence papale de Castel Gandolfo qui n’est qu’à quelques minutes en voiture du domaine.
Pour vous rendre au domaine :
Via Colle Picchione 46
00040 Frattocchie di Marino (RM)
Tel: +39.06.93546329
collepicchioni.it
info@collepicchioni.it
Petit bonus, j’ai demandé à Armando, amateur de bonne chère, de me recommander quelques bonnes tables à Rome et dans la région. Voici ses suggestions :
– Trattoria Sora Lella, sur Isola Tiberina, une île au milieu du Tibre à Rome, un restaurant de cuisine typiquement romaine. trattoriasoralella.it
– Checchino dal 1887, dans le quartier de Testaccio à Rome, un autre restaurant de cuisine typiquement romaine. checchino-dal-1887.com
– Novecento, proche du métro Piramide à Rome. Très bonnes charcuteries, viandes et pizzas. 9cento.com
– Povero Pesce, à Ostia, restaurant en bord de mer, spécialisé sur les poissons et les fruits de mer. Très bonnes soupes également. Un conseil avant de quitter Rome, partez un peu plus tôt et manger à ce restaurant, car il n’est qu’à une quinzaine de minutes de l’aéroport international de Fiumicino. poveropesce.com
Leave a Reply