Situé à Wettolsheim, en Alsace, le Domaine Barmès-Buecher a été créé en 1985 par Geneviève Barmès (née Buecher) et François Barmès. Leurs familles sont propriétaires des vignes du domaine depuis le 17e siècle. Vino2travel s’est entretenu avec Maxime Barmès-Buecher, jeune et sympathique vigneron de 25 ans, qui gère aujourd’hui le domaine avec sa mère Geneviève et sa sœur Sophie.
VINO2TRAVEL – Maxime, qu’est-ce qui vous a poussé à devenir vigneron et quel a été votre parcours ?
Maxime Barmès-Buecher – Nos parents nous ont initiés tôt à goûter du vin. Mon père était vigneron et depuis l’âge de 13 ans, j’ai toujours participé aux tâches du domaine, notamment les travaux dans les vignes ainsi que dans le chai. D’un point de vue personnel, j’ai toujours été intéressé par tout ce qui tourne autour de la nature et de l’agriculture. J’ai donc fait des études en agronomie en Alsace, puis en viticulture-œnologie à Beaune, en Bourgogne. Je n’ai pas voulu faire viti-œno en Alsace, car je voulais voir ce qui se passait ailleurs. En 2010, j’ai fait les vendanges pour la première fois en intégralité avec mon père, puis je suis parti dans le sud de la France travailler dans un vignoble tenu par un copain vigneron, Les Promesses de la Terre, en Corbières. J’ai dû rentrer un peu précipitamment sur le domaine parce que mon père est malheureusement décédé. La reprise du domaine familial a donc été un peu avancée. J’y travaille depuis fin 2011.
V2T – Qu’aimez-vous dans votre métier de vigneron ?
M.B-B. – Plusieurs choses. La convivialité d’abord, mais aussi, l’échange, les rencontres, le travail avec la nature. Vigneron, c’est un métier vivant. On n’a pas le temps de s’ennuyer, car ça change tous les ans, il n’y a pas de règles et il faut constamment se remettre en question. C’est passionnant!
V2T – Est-ce que c’est toujours facile de travailler en famille ou avec ses proches ?
M.B-B. – Je travaille avec ma mère et ma sœur. On dit que ça n’est pas toujours évident de travailler en famille, mais pour ma part, quand je vois parfois ce qui se passe chez les collègues, je ne vais pas me plaindre! En fait, c’est plutôt un plaisir. La confiance règne et c’est important pour bien gérer un domaine.
V2T – Si vous n’aviez pas été vigneron, quel métier auriez-vous exercé ?
M.B-B. – Je pense que j’aurais travaillé dans l’agriculture, peut-être l’élevage. Ça m’a toujours attiré! J’aime beaucoup dessiner aussi. J’ai dessiné une étiquette d’un de nos vins et j’ai le projet d’en faire une deuxième prochainement, pour une cuvée un peu spéciale.
V2T – Qu’est-ce qui distingue l’Alsace d’autres régions viticoles ?
M.B-B. – Pour moi c’est la multiplicité des terroirs et des vins qu’on y produit. En Alsace, on fait des vins blancs secs, des demi-secs, des liquoreux, des bulles et même des vins rouges. Je ne pense pas qu’il y ait une autre région dans le monde qui puisse reproduire une gamme de vins aussi diversifiée avec autant de cépages différents.
V2T – Selon vous, quelle est la principale qualité que devrait avoir un vigneron?
M.B-B. – Il en faut plusieurs! Être observateur, savoir gérer une équipe, être à son écoute, être bricoleur, commercial… Vigneron, c’est un métier très vaste qui exige de la polyvalence. Je pense aussi qu’il faut être très bon en communication. Étant donné que le métier est très complexe, il faut savoir bien s’entourer et déléguer, et pour ce faire, il faut savoir communiquer. Il faut aussi être en mesure de parler de ses vins.
V2T – Quel est votre plus grand défi en tant que vigneron ?
M.B-B. – à 25 ans, je suis au tout début de ma carrière, donc j’ai encore plein de choses à apprendre! J’ai aussi un rêve un peu utopique, mais qui me tient à cœur. Ce serait d’avoir une ferme à côté du vignoble, un projet qu’on pourrait créer avec des copains vignerons. L’idée serait d’avoir un domaine qui puisse fonctionner en parfaite autarcie. Je voudrais pouvoir produire mon propre compost, mes préparations biodynamiques, etc.
V2T – Quels conseils auriez-vous à donner aux jeunes qui se lancent dans le métier ?
M.B-B. – Avoir la foi et beaucoup de volonté. Reprendre un vignoble en Alsace, c’est malheureusement trop cher aujourd’hui pour un jeune. Mieux vaut aller dans le Beaujolais, à Cahors ou dans le sud de la France. Savoir s’entourer, être ouvert, aller à la rencontre d’autres vignerons, c’est également primordial. Surtout, il ne faut pas croire que parce qu’on a fait 5 ans d’études en œnologie, on sait tout faire. Il faut rester très humble. La connaissance s’acquiert par l’expérience.
V2T – Que pensez-vous de l’agriculture en biodynamie ?
M.B-B. – C’est notre père qui, à la suite d’une conférence sur le sujet, a décidé de convertir tout le vignoble en biodynamie. Il a commencé en 1995 et la transition a duré environ 5 ans. Il a vraiment fait ça par passion, par conviction. Il a modifié toute sa philosophie du jour au lendemain. C’était un pari risqué, car au début, tu ne maîtrises pas forcément, mais ça a fonctionné! J’ai moi-même expérimenté la biodynamie quand j’ai travaillé avec Bruno Weiller, au domaine Les Promesses de la Terre. Bruno fait partie de ces formateurs qui se sont interrogés profondément sur la biodynamie. Je pense qu’en général les vrais passionnés d’agriculture finissent toujours par se tourner vers la biodynamie. Pour moi, la biodynamie, c’est une agriculture très ouverte, beaucoup d’échanges et d’expérimentation entre les vignerons et les agriculteurs.
V2T – Le réchauffement climatique est-il une préoccupation des vignerons alsaciens ? Est-ce que cela a des répercussions sur votre travail ?
M.B-B. – 2003 comme 2009 ou 2011 ont été des millésimes solaires. Ça s’est ressenti beaucoup sur certains cépages dits plus sensibles comme le riesling. 2013, en revanche, a été un des millésimes les plus tardifs des dernières années. Alors, c’est assez contradictoire… Je pense qu’on aura toujours des années solaires et des années plutôt fraîches et tardives, alors il faut remettre en question notre façon de cultiver. Il faut travailler avec la nature et pas contre. La biodynamie est un bon outil pour faciliter l’adaptation de la vigne aux épisodes climatiques qui auront toujours lieu.
V2T – Quel est le plus beau souvenir d’un vin auquel vous ayez goûté ?
M.B-B. – J’adore les vins liquoreux, notamment ceux de zones septentrionales, comme l’Alsace ou la Loire . J’aime beaucoup aussi la syrah, notamment les côtes rôties, mais aussi les gamay bien concentrés, bien mûrs. J’ai le souvenir de plusieurs grands vins, par exemple la cuvée Quintessence du Domaine de la Juchepie, en Loire ou la dégustation de quelques vieux millésimes de Sociando-Mallet, dans le Bordelais. J’ai eu aussi l’occasion de goûter un jour de la Romanée-Conti. C’était très grand!
V2T – Pouvez-vous citer quelques vignerons dont vous admirez le travail ?
M.B-B. – Zind-Humbrecht qui fait un très bon travail surtout sur une aussi grande surface. Mon ami Bruno Weiller, Les Promesses de la Terre, qui m’a donné ma chance et sa confiance à mes touts débuts. Eddy et Mileine Oosterlinck – Bracke du Domaine de la Juchepie. Ils tenaient une quincaillerie et ils ont décidé de quitter leur vie en Belgique et de se lancer dans le monde du vin. Ils font aujourd’hui des choses magnifiques dans la Loire.
V2T – Si on vous donnait le choix de vous installer n’importe où sur la planète, ailleurs qu’en Alsace pour faire du vin, où iriez-vous ?
M.B-B. – Il y a des terroirs passionnants comme les Corbières, où j’ai eu la chance de débuter. Les Corbières, ça me fait un peu penser à l’Alsace, mais en version garrigue !
V2T – Quelques suggestions de plats qui se marient bien avec vos vins ?
M.B-B. – La cuisine asiatique avec nos gewurztraminers. Les poissons sur nos Rieslings ou nos Sylvaners. Les viandes blanches sur nos pinots gris. Des viandes consistantes sur nos pinots noirs ou des fromages sur nos liquoreux. On a une telle variété de vins qu’on peut les marier à énormément de plats!
V2T – Une bonne table près du domaine ?
M.B-B. – La Taverne alsacienne à Ingersheim. Ils ont une carte des vins remarquable. Je pense aussi à L’Épicurien à Colmar. On y trouve une cuisine d’une très grande qualité, des produits recherchés et des vins abordables.
Site web du producteur : http://www.barmes-buecher.com/
Agence d’importation privée au Québec : Oenopole